Mon opinion
Zimerman, en remportant en 1975 le Concours Chopin de Varsovie à l'âge de 19 ans, avait ému le public et le jury par son étonnante maturité. Treize années plus tard, il consacre un de ses plus beaux enregistrements aux Ballades du compositeur polonais en y associant la Fantaisie en fa mineur opus 49 et la Barcarolle opus 60. Zimerman est d'un grand raffinement, alliant poésie et élégance. La Ballade en sol mineur, oeuvre de jeunesse sensée s'inspirer de la cruelle destinée du héros lituanien Conrad Wallenrod, est pleine d'une obscurité passionnée précédant un deuxième mouvement beaucoup plus lyrique dont Zimerman saisit l'essence à merveille. L'attaque n'est jamais dure, au contraire. Sous les doigts de Zimerman, l'espace des sons devient non seulement superbement ample, mais nous entraine à l'image de la Deuxième Ballade dans un tourbillon infernal que seul le retour au thème initial permet d'interrompre. Zimerman, dans la Quatrième Ballade, montre bien le caractère épique du début et s'engouffre peu à peu dans le thème élégiaque pour finir dans les cascades d'octaves et de tierces. La Barcarolle et la Fantaisie suivent dans un esprit tout aussi respecteux du texte, mais avec la plus grande liberté. Ce paradoxe n'est-il pas la définition même de l'art ?
L'opinion de la presse (que je partage entièrement pour une fois !)
"Zimerman allie le culte de la beauté pure [...] à une conception dramatico-épique et perçoit, sous le langage sonore si intellectualisé de Debussy, un langage de l'âme. Mais il évite aussi le risque d'une interprétation purement illutrative des Préludes, qui peuvent devenir un kaléidoscope de scènes de genre. Personne n'avait fait éclore en Debussy, avant Zimerman, un univers poétique aussi achevé, fait de spiritualité et de sentiment, de clarté et de magie, de délicatesse et de rage."
Mon opinion
Le Concerto en sol majeur de Ravel n'en est pas à sa première version discographique. Outre les Duchable, Rogé, Argerich et Michelangeli, il y a la version signée Zimerman. Cette dernière est absolument prodigieuse tant par son élégance que par sa fougue (notamment dans le 3°mouvement). Certes, Argerich y est plus spectaculaire, Michelangeli y semble plus à l'aise. Ce ne sont que des impressions car jamais le si beau second mouvement n'aura semblé, sous les doigts du pianiste polonais, d'une telle évidence. La musique coule de source, le cor anglais y est magnifiquement onctueux. Un régal, à écouter absolument !
Mon opinion
C'est le disque référence de tout brahmsien avisé! Le Deuxième Concerto est un monument de la littérature pianistique et concertante que Zimerman aura attendu dix ans avant d'enregistrer. Durant près de 50 minutes de musique, Zimerman exploite toutes les richesses de la palette sonore, dévoilant des contrastes exceptionnels dans le premier mouvement, associant une vélocité digitale extraordinaire à une exactitude rythmique époustouflante. On est littéralement saisi des l'exposition initiale, emporté dans le Scherzo passionné, bercé par le superbe troisième mouvement auquel Wolfgang Herzer prête les magnifiques sonorités de son violoncelle. Enfin, on s'embarque dans le dernier mouvement qui devient une véritable fête dont Zimerman et Bernstein sont les savants organisateurs. A écouter et à réécouter sans cesse !